Léonide Trophimovitch Chrol
Léonide Chrol est né le 11 août 1902 - le 29 juillet selon l'ancien calendrier en usage alors en Russie - à Petersbourg et est décédé le 28 novembre 1982 à Montauban (T.&G., France).
Il était l'aîné de trois enfants de Trophime Chrol et de Parascève, née Bielov, les deux autres étant Antonine qui devait mourir jeune et Olga. Trophime a fait toute sa carrière à la Direction de la Monnaie où il occupait un poste important, jusqu'à son ordination à la prêtrise, au lendemain de la Révolution.
De santé assez fragile, sensible et fin, le jeune Léonide montre très tôt un exceptionnel talent de musicien. C'est ainsi que dès 1914, à 12 ans, il donne des concerts de piano, notamment pour les soldats blessés du front de Prusse, et ses dons de compositeur étonnent tout son entourage. Elève très doué dans toutes les disciplines, ses études sont brutalement interrompues par la révolution russe. Après les péripéties de l'exil (Constantinople, la Serbie, la Bulgarie, Pologne) le jeune Léonide sera envoyé à Prague où il terminera ses études, notamment au Conservatoire de musique d'où il obtiendra un prix de composition. Il y fera également une rencontre décisive en l'évêque (alors archimandrite) Serge (Korolev) qui le décidera d'aller étudier la théologie à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge tout juste en phase de création : il fera partie de la première promotion d'étudiant, en 1925. Il sera ensuite ordonné en 1934 par Mgr Euloge et fut ensuite prêtre à Toulouse puis à Montauban jusqu'à sa mort.
Durant cette période étudiante à Saint-Serge, où sa sœur Olga, à la mort de leur père, le rejoint à Paris pour ne plus jamais le quitter, il fut proche de la Confrérie Saint Photius et du père Lev (Gillet) - plus connu sous le nom d'auteur de « un moine de l'église d'orient » - qui était le prêtre de la première paroisse orthodoxe francophone. Léonide Chrol fut alors son chef de chœur et le père Lev a habité chez Léonide et Olga Chrol pendant deux ans. C'est à cette période qu'il rédige les premières ébauches de son unique ouvrage théologique, « L'Alpha et l'Oméga. Essai sur le christianisme intégral », qui ne sera édité pourtant qu'en 1962 pour la première fois. C'est également dans ces temps qu'il compose son unique opus musical, une « Liturgie orientale de Saint Jean Chrysostome » pour chœur mixte a cappella de 4 à 6 voix, dont il traduit lui-même les textes en français. Il s'agit sans doute de la première composition d'une liturgie orthodoxe en français (1932-34). Elle n'a jamais été créée à notre connaissance, ni éditée.
Père Léonide Chrol fut un personnage qui a marqué ses contemporains. L'homme, au physique ascétique, semblait sortir tout droit d'un roman de DostoIevski. Artiste extatique et liturge charismatique, il priait, parfois jusqu'aux larmes, en improvisant au piano, s'adonnait à l'art brut en dilettante et de manière presque compulsive, composait des tableaux sous verres à deux faces faits de papiers de couleurs découpés en dentelles et enchevêtrés. Il fut un pasteur aimé de ses paroissiens. Lorsqu'on vient de Monclar de Quercy, par Saint-Martial, ou par la sortie "Les Chaumes", on entre aujourd'hui à Montauban par l'avenue Léonide Chrol.
(D'après les élément biographiques de Paul Toutchkov)
En 2002, le cinéaste Vladimir Koslov réalise un fim-documentaire court métrage (20 mn) sur le père Léonide, Musique et couleurs du père Léonide, que l'on peut visionner ici.